Kabiné Komara, Haut-commissaire de l’Omvs : « Nous cherchons 4 milliards de dollars pour faire face à nos besoins en barrage, irrigation et électricité »

Kabiné Komara, Haut-commissaire de l’Omvs : « Nous cherchons 4 milliards de dollars pour faire face à nos besoins en barrage, irrigation et électricité »
La Conférence internationale sur l’Eau et le Climat (Rabat, 11-12 juillet 2016) regroupe de grands experts et autres acteurs, dont le Haut-commissaire de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (Omvs), Kabiné Komara. Dans cet entretien, il revient sur les enjeux de cette rencontre qui sert de cadre d’échanges, non sans oublier les défis auxquels son organisation doit faire face, notamment en matière de financement.
Vous participez à une des plus importantes conférences sur l’Eau et le Climat. Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?
Comme vous le savez, l’Omvs est le pilier de la coopération entre la Guinée, le Mali, la Mauritanie et le Sénégal autour d’un fleuve mythique, le fleuve Sénégal. Le fleuve a été le précurseur dans la construction des ouvrages pour faire face au changement climatique. Dans les années 1970, avec l’alternance inondations-sécheresses, ces pays ont créé une organisation afin de trouver des mesures et dompter le fleuve. Elle est basée sur 2 principes, à savoir que le fleuve et toutes ses eaux sont une propriété internationale, et surtout que tout ouvrage réalisé est une propriété des 4 Etats. Ce qui est très important et unique au monde. Des ouvrages ont été construits pour réguler le fleuve. Il s’agit du barrage de Diama à 30 km de Saint-Louis, qui a permis de stopper la remontée d’eau salée, de stocker près d’un demi-milliard de mètres cubes d’eau, créer un plan d’eau potable à partir duquel on approvisionne la ville de Dakar à 50 % et celle de Nouakchott à 100 % et de disposer d’un potentiel d’aménagement de 300.000 ha de terres. Diama a permis de faire en sorte que le changement erratique, c’est-à-dire l’alternance d’inondation et de sécheresse, soit stoppé. Le barrage de Manantali a, lui, permis de stocker 11 milliards de mètres cubes d’eau et donc, de régulariser le fleuve Sénégal. C’est dire que nous sommes les précurseurs, car les actions ont démarré il y a 40 ans.
Mieux, l’an dernier, avant la Cop 21, les 4 pays de l’Omvs ont fait la Déclaration de Conakry qui a décidé que chaque Etat doit intégrer, dans son plan national, la dimension changement climatique à l’échelle du bassin. Nous sommes également précurseurs dans ce domaine. Cette conférence est une occasion d’échanger avec les autres, mais également d’apprendre d’eux. Le défi de taille aujourd’hui, c’est la question du financement. L’Omvs est à la recherche de 4 milliards de dollars pour faire face à ses investissements en barrages, en irrigation et en électricité.
Vous parliez tantôt du barrage de Diama. Mais, selon de nombreux experts, il est à l’origine de la grande menace environnementale qui pèse sur la ville de Saint-Louis. Qu’en pensez-vous ?
Vous savez, la nature, à chaque fois que vous intervenez dans son cours normal, a des réactions, mais en même temps, vous devez concevoir des mesures d’atténuation. Diama a permis de stopper la remontée saline qui rendait impossible l’agriculture et l’élevage le long du fleuve, mais il a eu aussi des effets, tels que la prolifération des plantes aquatiques. Pour la Langue de Barbarie, menacée par la brèche créée, des études sont en cours pour trouver des solutions. Mais au-delà, nous comptons réaliser à Saint-Louis un port fluviomaritime comprenant un quai commercial, donc un port de pêche et un port de plaisance. Ce qui va donner une autre dimension à la ville de Saint-Louis.
L’Omvs est classée parmi les meilleures organisations à travers le monde en matière de gestion intégrée de l’eau. N’est-ce pas une grande satisfaction pour vous ?
Cela nous inspire deux défis. Le premier, c’est comment faire pour nous maintenir à ce niveau et le deuxième, comment travailler pour même dépasser ce niveau. Nous sommes sollicités à travers le monde pour partager notre expérience, mais partager l’expérience, c’est également faire preuve d’innovation.
La plus grande innovation, c’est faire en sorte que, à partir du massif du Fouta Djalon – je rappelle que la Guinée compte 1.200 cours d’eau, dont une dizaine alimente le bassin du fleuve Sénégal – tout le bassin soit protégé, ainsi que les différents écosystèmes comme le parc du Djoudj. Nous avons une nouvelle exigence, c’est ce que j’appelle l’hydro-vigilance pour que toutes nos richesses soient préservées.
Parmi les enjeux de la Cop 22, le Maroc met l’accent sur la mobilisation des financements aussi bien publics que privés. Vous qui êtes à la recherche de 4 milliards de dollars, qu’est-ce que cela vous inspire ?
Je voudrais que le Sénégal, l’Omvs et un certain nombre de pays aient une initiative comme le Haut panel international sur la sécurité de l’eau et le financement qui vient de tenir une réunion à Dakar au cours de laquelle des solutions ont été proposées dont la mise en place d’un fonds qui sera alimenté par un certain nombre de ressources comme le prélèvement sur le fonds vert, des bonifications venant d’un certain taux d’intérêt, de manière à ce que les grands projets soient financés.
Egalement, le concept d’hydro-vigilance a été lancé. Il passe par la protection de nos barrages, de nos grands ouvrages, car aujourd’hui, ils sont menacés par des terroristes. C’est dire qu’on ne peut plus gérer ces ouvrages comme avant, il faut la sécurité sur tous les plans et aussi la qualité de l’eau et la préservation de tout ce qui reste.
Propos recueillis par Daouda MANE 
et EL Hadji Abdoulaye THIAM 
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