Le Panel Mondial sur l’Eau et la Paix en assemblée à Dakar
Comment prévenir les conflits liés à l’eau ? C’est le mandat du Panel mondial Eau et paix, qui tient sa 2ème réunion technique à Dakar, à l’invitation de l’Etat du Sénégal (à travers le Ministère de L’Hydraulique et de l’Assainissement), et en partenariat avec l’Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal et l’Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Gambie (OMVG).
La cérémonie d’ouverture, présidée par le Premier ministre du Sénégal Mohamed Boune Abdalah Dione, a réuni de nombreux participants, parmi lesquels d’éminents experts, des personnalités du monde de l’eau, les autorités de l’Omvs et de l’Omvg, des ministres et des ambassadeurs…
Les allocutions successives, délivrées par M. Sundeep Waslekar, Président du think tank international Strategic Foresignt Group, M. Danilo Türk, ancien Président de Slovénie ont mis l’accent sur le contexte de précarité que les changements climatiques, la raréfaction des ressources, la croissance démographique font peser sur la disponibilité de l’eau. On estime en effet que d’ici 2050, les prélèvements d’eau devraient augmenter de 50%, alors même que l’eau douce sera dans les prochaines années la première victime des changements climatiques. Les aspects sécuritaires ne sont pas en reste, avec le contexte géopolitique mondial qui porte « craindre que les agissements des groupes terroristes s’étendent à une ressources aussi stratégique que l’eau », selon le ministre sénégalais des affaires étrangères M. Mankeur Ndiaye, qui s’est prononcé sur la situation diplomatique de la question de l’eau au niveau global.
Ces multiples contraintes sont susceptibles de faire le lit de compétitions pour l’eau, qui pourraient aboutir à des conflits de l’eau, si des stratégies et des instruments ne sont pas rapidement mis en place et généralisés pour favoriser la coopération autour des ressources en eau partagées. Car comme le résumera M. Waslekar, « le problème n’est pas le déficit d’eau, le problème est le déficit de confiance, le problème est le déficit de sagesse ». C’est pourquoi la communauté internationale doit s’impliquer dans la gestion transfrontalière des ressources en eau afin de garantir d’ici 2030 la sécurité de l’approvisionnement, dira le Président du Panel, M. Türk, qui a rendu hommage à la clairvoyance des pères fondateurs de l’OMVS.
Le premier ministre abondera dans le même sens, en soulignant que « le Mali, la Mauritanie, le Sénégal et la guinée ont transformé le fleuve Sénégal en ressource économique commune », et sont disposés à partager avec le reste du monde l’expérience positive de l’Omvs. Il a par ailleurs rappelé que le Sénégal compte porter la problématique de l’eau et de la paix à l'agenda du Conseil de Sécurité de l'ONU où il vient d'être élu membre non permanent pour un mandat de deux ans. Si le Conseil l’accepte, ce sera la 1ere fois que le thème de l’eau y sera débattu. Et si le Panel arrive à proposer et faire adopter une architecture opérationnelle pour faire de l’eau non pas une source de conflits, mais un instrument de coopération et de paix, « cela aura un impact sur la vie des 2,5 milliards de personnes qui vivent sur des bassins partagés », selon le ministre de l’Eau et de l’Assainissement du Sénégal, M. Mansour Faye.
Les travaux du second jour seront consacrés à l’examen de l’expérience de l’Omvs, et à l’approfondissement des pistes de réflexion, comme la création d’un Fonds bleu destiné à financer en priorité les infrastructures partagées.
Le Panel Mondial sur l'eau et la paix a été en novembre 2015 à l’initiative de la Suisse et d’autres pays dont le Sénégal, et lancé le 16 novembre 2015 à l’occasion d’une réunion des gouvernements de 15 pays à Genève. Il est présidé par Danilo Turk, ancien Président de la Slovénie avec comme Vice-présidents M. Mansour Faye, Ministre sénégalais de l’Hydraulique et de l’Assainissement ; Dr Alvaro Umaña Quesada, ancien Ministre de l’Energie et de l’Environnement de Costa Rica. Le panel organisera trois autres consultations dans différentes parties du monde et présentera son rapport aux Nations Unies en décembre 2017.
Commentaires
Enregistrer un commentaire